Ergon  &  Nomos

Qu'est ce que l'ergonomie ?

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L'ergonomie n'est pas tout à fait une science mais elle s'inscrit dans une logique scientifique pluridisciplinaire, il s'agit donc plus d'un ensemble de sciences regroupées sous une démarche scientifique, une démarche globale qui traite d'une multitude de facteurs individuels, collectifs et environnementaux.

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L'étymologie de la notion d'ergonomie parle pour elle, l'Ergon et le Nomos qui composent le terme sont deux notions à part entière porteuses du sens et des enjeux de ce champ disciplinaire :

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L'Ergon se réfère dans la Grèce antique à une activité bien particulière qui requière trois principaux critères selon I.Pibarot (2013) :

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- Une activité citoyenne ou à défaut utile à la communauté, il s'agit donc du rôle social de l'individu dans son activité. Il est possible de noter qu'ici il n'est pas question contrainte ou de délégation mais d'une participation à un ensemble, à un collectif et au fait de jouer "son rôle" dans le collectif. L'Ergon a donc une fonction sociale et politique au bon sens du terme.

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- Une activité de réalisation de soi, cette activité doit vous permettre de vous trouver vous même et de vous réaliser. Il s'agit à travers l'activité de trouver et poursuivre votre but ou vos buts personnels pour évoluer par l'activité. C'est pourquoi l'ergonomie peut dans certains cas se rapprocher d'une forme de philosophie par l'activité.

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- Un processus de santé, cette activité doit aussi vous amener la santé, exercer votre rôle et vous réaliser doit être bénéfique pour vous même et pour autrui. Cette activité doit vous permettre de construire durablement votre santé et le cas échéant vous guérir psychiquement en physiquement.

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Le Nomos qu'en à lui se définit selon M.Oswald (1967) en trois points (non exhaustifs) que sont :

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- Les décisions prises ensemble, il s'agit donc d'un aspect organisationnel et politique au sens premier du terme, c'est à dire participer à une organisation.

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- L'application de ces décisions, il s'agit d'un aspect normatif et juridique qui est aussi évolutif du fait qu'il suffit de se rassembler de nouveau pour faire évoluer la norme et les lois. Il faut donc selon le Nomos que les lois "fassent sens" pour l'ensemble. (C'est cet aspect qui est généralement retenu comme définition du Nomos en l'assimilant à une loi verticale et non à une loi issue d'un processus démocratique)

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- Une dimension morale et éthique aussi bien individuelle que collective. Il s'agit d'une sorte de morale ou de code de conduite dont le respect permet non seulement d'éviter les embuches mais aussi d’accéder à une forme de libération, personnelle, psychique et peut être bien plus si vous y arrivez... Ce dernier aspect du Nomos très philosophique est valable pour les individus comme pour les collectifs qui sont considérés comme entités individuelles avec une responsabilité  propre. Dans cette logique les individus qui composent un collectif ont une responsabilité envers lui et inversement le collectif comme entité a une responsabilité vis à vis des individus qui le compose.

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Le Nomos est donc bien plus qu'une simple loi ou qu'une simple règle et implique des composantes intrinsèques riches de sens.

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L'ergonomie composée de l'Ergon et du Nomos signifie donc bien plus par la simple étymologie de ces deux termes que ce qui est habituellement décrit à son propos comme une "règle du travail", si elle peut inclure ces règles elle ne s'y limite pas.

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L’enjeu de l'Ergon comme activité est donc multidimensionnelle comme celui du Nomos en tant que structure conceptuelle et qui implique aussi une multitude d'enjeux organisationnels. L'ergonomie est de part son intitulé même un grand projet autant qu'un défi individuel et collectif et concevoir une entreprise ergonomique ne se fait pas en un jour, c'est pourquoi le métier de l'ergonome s'adresse dans l'absolu à des processus longs qui impliquent des aspects culturels, politiques, organisationnels et ne se limite pas à de simples modifications ponctuelles sur un sujet donné bien que chaque modification puisse jouer sur la dynamique de l'ensemble.

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Les aspects "types" de l'activité d'ergonome se comprennent mieux une fois cette définition posée, tout comme les interactions possibles entre chacun d'entre eux (santé, réalisation de soi, sens de l'activité, participation, mise en place de règles justes et démocratiques, rôle de chaque personne dans l'entreprise, etc...)

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Passons maintenant à des aspects plus connus de l'ergonomie et des sujets fréquents d'applications :

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Les TMS :

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Les troubles muscolo - squelettiques sont un enjeux majeurs depuis la mise en place des plans nationaux TMS-PRO. Les troubles musculo squelettiques sont des troubles d'usure qui apparaissent à force de travail prolongé dans des conditions inadaptées que cela soit induit par une répétition de gestes, un maintient de posture, des causes environnementales etc... . Il peuvent aussi être induits par une accumulation de gène sonore par exemple qui indirectement facilite l'apparition des TMS par une augmentation de la fatigue, des pertes d'attention etc... De manière générale c'est troubles sont toutes les maladies professionnelles d'ordre purement physique. Il est bien sûr possible par extension de considérer toutes les sources d'accidents du travail (traumatisme ponctuel et non d'usure) sur le même sujet de prévention. Dans tous les cas des modifications d’environnement, des modifications d'organisation  ou de conception  peuvent permettre de prévenir ces troubles. L'ergonomie sert à prendre en compte les facteurs pouvant les entrainer pour y remédier de façon durable et structurelle en travaillant au plus près et avec les personnes concernées.

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Au delà de l'aspect pratique et situationnel, voir matériel (équipement adapté, design et conception des appareils), il existe aussi un enjeux sur l'autonomie des personnes à concevoir leur propre santé, le rapport à leur corps et à l'aisance physique. Des modifications plus structurelles et plus proches du sujet "psychologique" et managérial peuvent aussi faire partie des moyens d'action et de prévention des TMS en donnant une plus grande liberté aux personnes pour qu'elles puissent créer elles même les conditions de leurs santé.

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Les RPS :

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Les Risques Psycho-Sociaux (RPS) sont un sujet délicat en pleine expansion, ils peuvent regrouper une multitude de pathologies (dépression) ou de troubles dont certains ne sont pas encore reconnus sur le plan médical (Burn-Out, Bore-Out et Brown-Out par exemple). De manière générale les RPS regroupent tout les troubles psychiques de "faible" intensité qui peuvent se rencontrer sur le lieu de travail et dont l'origine est socio-professionnelle. Comme pour les TMS leurs solutions peuvent être individuelles (adaptation personnalisée des situations, coaching), collectives et organisationnelles (bilan sur l'organisation de l'entreprise, management, possibilités de participation).

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L'interaction entre TMS et RPS peut être considérée comme envisageable, un maintient de posture entrainant des TMS peut entrainer ou faciliter une apparition de RPS par augmentation de la fatigue par exemple et inversement les RPS peuvent amener à une augmentation des TMS ou des accidents du travail par exemple du fait d'une attention moindre  porté à l'activité ou une déconcentration induite par ces troubles.

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Il peut aussi y avoir des troubles induits par de fausses pratiques de santé telles que les démarches de "bonheur au travail" quiperturbent le fonctonnement de l'entreprise et tendent géréralemt à faire perdre le sens de l'activité (comme le font remarquer De Funès et Bouzou (2018)). C'est un travail bien fait dans de bonnes conditions qui donne du sens et non l'inverse, il n'est pas possible de donner le sens d'une activité en dehors d'elle même de façon isolée, décontextualisée voire annexe. Permettre ou faciliter un fonctionnement d'ensemble cohérent fait parti  de l'ergonomie et de la prévention des RPS.

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Les enjeux organisationnels :

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L'organisation d'une entreprise, la fluidité entre les services, la qualité des échanges ou l’autonomie des acteurs par exemple peuvent faire partie du sujet de l'intervention ergonomique ou des transformations ergonomiques.

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À terme l'ergonomie s'inscrit parfaitement dans la logique des entreprises dites "libérées" qui prônent une plus grande liberté des personnes au sein de l'entreprise (voir I.Getz, F. par exemple), ce qui ne signifie pas une absence de structure, ni une suppression de la hiérarchie mais par exemple de laisser une plus grande possibilité pour les personnes qui y travaillent de prendre des initiatives pour le bien de l'entreprise et la fluidité de leurs actions dans le cadre de ce qui est possible.

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Deux aspects conceptuels se croisent ici, l'entreprise "libérée" et l'entreprise "ergonomique" qui sont deux caractéristiques complémentaires, la deuxième étant à l'heure actuelle peu connue. Il s'agirait de l'aspect organisationnel et solide qui permettrait le maintient de la première caractéristique, celle de l'entreprise libérée qui réfère d'avantage aux aspects dynamiques et managériaux, une entreprise "libérée" qui ne serait pas structurellement ergonomique serait rapidement désorganisée ou rencontrerait d'autres problèmes de fonctionnement (même si la plupart sont structurellement ergonomiques sans le savoir il peut manquer un processus clair à ce niveau).

 

Pour faire simple il s'agit de renforcer l'autonomie des personnels au sein de l'entreprise afin que tout le monde puisse participer plus facilement à l'ensemble, permettre une "co-determination" de degrés variables en fonction de ce que peut permettre l'entreprise, de faciliter l'autoformation, de faire plus confiance au personnel et de mettre en place les éléments qui permettent cette confiance, encourager la polyvalence et la mobilité interne, etc.. . Chaque entreprise peut selon son profil tenter différents gradients à ce niveaux allant de la consultation des personnels à leur participation active.

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Les concepts d'entreprises libérées tout comme celui d'entreprise ergonomique soutient que la richesse économique (et plus précisément financière) n'est pas la seule forme de création de richesses dans l'entreprise, tout le versant humain non chiffré participe de plus en plus à cette valeur qui se retrouve souvent dans les chiffres de manière indirecte, (attrait de l'entreprise, baisse des dépenses de santé, meilleure mobilité des acteurs, innovation facilitée etc...), une entreprise solide sur le plan humain résite aussi mieux aux différents événements qu'une entreprise en flux tendue. Les investisseurs savent aussi que la confiance est un élément clé qui (encore aujourd'hui) justifie de soutenir une entreprise plutôt qu'une autre, avec les conjonctures à venir il est aussipossible que cet élément (re)devienne un aspect déterminant pour les investisseurs.

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L'UX ou Expérience Utilisateur :

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L'UX (User Experience) est un mode d’expression typique des liens du design et de la conception avec l'ergonomie telle que décrite précédemment, c'est à dire un moyen de prendre en compte les aspects personnels et "subjectifs" dans la conception des produits et des interfaces afin de rendre leur utilisation la plus simple et la plus intuitive possible. L'UX est une sous dimension ou une approche utilisable en conception et design qui permet de prendre en compte les avis des utilisateurs dans le processus de construction et de mise au point d'un produit ou d'un service (avis émis sur la version précédentes, avis sur les versions test du prototype en cour, prise en compte des demandes et besoin des utilisateurs suite à des enquètes de terrain, etc..). Souvent limitée à la sphère du numérique et à l'interface homme-machine il est possible de prolonger cette démarche à d'autres champs de la conception et du design ce qui revient à une conception consultative et anticipatrice.

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Éthique et Déontologie :

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Proche d'une profession paramédicale et comme toute activité de conseil l'ergonomie dispose d'un code éthique et déontologique qui comprend entre autres le respect des données, le respect du secret professionnel, la confidentialité, l'anonymat et l'approbation des personnes concernées.

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Les codes déontologiques de l'ergonomie (français et européen) sont affichés sur la page "blog et articles" ainsi que le code déontologique des ingénieurs conseils.