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Étude sur le risque en parapente :

Dernière mise à jour : 30 sept. 2019

Avec le STAPS de Font Romeu une étude à été réalisée cette année (2019), le texte ci dessous est l'article transmis à la FFVL pour publication sur sont site afin de communiquer les résultats aux licenciés




Résultats de l’étude du STAPS de Font ROMEU

sur la prise de risque en Parapente :


(L’article ci-dessous est un rapide résumé, un lien renvoie à un descriptif plus complet)


Une étude sur la prise de risque en parapente a été réalisée par le STAPS de Font-Romeu, cette étude a été diffusée sur le site de la FFVL ce printemps, certains d’entre vous ont pu y participer.


Cette étude portait sur les motivations à la prise de risque et à l’engagement dans une situation risquée, sur les raisons du désengagement d’une situation risquée et sur l’utilisation et l’impact des réseaux sociaux. Une deuxième partie portait sur l’état de « Flow » pendant la pratique du parapente (lire le prolongement de l’article pour avoir l’ensemble des résultats). L’enjeu était principalement lié à la problématique d’accidentologie qui est en moyenne de 467.3 blessés et 11.3 décès par an entre 2010 et 2018 uniquement pour le parapente (chiffres de la fédération). Les résultats de l’étude ont été saisis à 572 réponses soit environ 2.5% des parapentistes licenciés en 2018. Selon les résultats les motivations les plus représentées pour la prise de risque et l’engagement en situations risquées en parapente sont (presque) toutes relatives à une recherche d’amélioration des performances, une recherche de progression ou à des aspects techniques (tester la maitrise de la voile par exemple). La réponse textuelle « Progresser et améliorer vos performances » est de loin la plus représentée et arrive en première position aussi bien pour « les raisons de la prise de risques » avec 71% des répondants que pour les raisons d’un « engagement en situation risquée » avec 31% des répondants qui invoquent cette raison. Les autres raisons fortement représentées sont liées à des facteurs tels que les « défis personnels », à « l’aspect contemplatif » ou au « lien social » de l’activité. Loin d’être selon eux des drogués des sensations les parapentistes seraient donc en premier lieu à la recherche de performances et des moyens d’accéder à celle-ci, c’est avant tout la poursuite de cette performance qui les amènerait à prendre des risques. Si en parapente performer comporte des risques ces derniers ne sont pas selon ces résultats une source importante de motivation, pas plus que ne l’est la recherche de sensations qui y serait liée. Les résultats indiquent que pour « les motivations à la prise de risques » la première réponse relative à la quête de sensation arrive en 7ième position avec 18.3% des répondants (la réponse étant textuellement « La recherche de sensation ») et la seconde arrive en 12ième position pour « Jouer avec les limites » avec 11.8% des répondants. Les résultats sont encore moindres pour « les raisons de l’engagement en situation risquée » où « Jouer avec les limites » arrive en 10ième position avec 11.7% et où «la recherche de sensations » arrive en 16ième position avec 4.4% des répondants.


Ces résultats sont proches de ceux disponibles dans la bibliographie scientifique récente sur le sujet de la motivation dans les sports extrêmes ou à risques et qui tend à identifier les aspects techniques et la recherches de progression et d’améliorations sous plusieurs formes (technique, capacité de concentration, dépassement de soi, capacité de contrôle, etc…) comme principales motivations pour la pratique de ces sports, le parapente ni ferait pas exception. Sur ce sujet il est possible de consulter les publications de Allman et al. (2009), de E.Brymer (2009-2010) et Brymer&Schweitzer (2013) ou encore de Frühauf et al. (2019) qui traitent toutes de la motivation dans différents sports à risques (Base Jump, ski freeride, etc…) et dont les résultats sont proches de ceux exposés ici. La question qui reste alors est : « Comment progresser en toute sécurité (à défaut en meilleure sécurité) et comment fournir les moyens aux pratiquants de progresser sans trop s’exposer ? »

La fédération travaille actuellement sur cette problématique pour fournir des offres de formations ultérieures adaptées y compris hors passage de brevets. Les journées « Voler mieux » par exemple dont le taux de participation est assez important constituent un moyen d’accéder à des compléments de formations pour les pilotes qui voudraient pouvoir progresser avec suffisamment de support technique et de retour sur leurs vols pour améliorer leur capacité à contrôler leur voile ou faire le bilan de leur évolution depuis leur dernier brevet passé par exemple. Des thématiques plus orientées vers la performance sont en discussion à la fédération pour ces journées « Voler mieux » et si la thématique de la performance n’est pas encore intégrée au programme d’autres thématiques présentes peuvent déjà permettre un perfectionnement sur certains aspects (analyse de la météorologie, révisions sur les phases d’atterrissage et de décollage ou utilisation du parachute de secours ou gestion des pendulaires par exemple). Les licenciées peuvent donc se rapprocher de leurs clubs pour participer à ces journées, les prix étant maintenus le plus accessibles possible par des aides ministérielles.

Les résultats de cette étude ont permis de mettre en évidence que la recherche de performance et de progression sont les principales causes de la prise de risques et de l’engagement en situation risquées en parapente. Il serait alors possible de d’évoquer le fait que la priorité de la prévention serait donc d’y faciliter l’accès et de cadrer cette demande. Il restera alors aux pilotes de savoir rester responsables y compris avec un niveau technique plus important, ce qui renvoie à la théorie de l’homéostasie du risque dont certains ont pu entendre parler lors de leur formation.



Références :

- Allman.T.L, . Mittelstaedt D, Bruce Martin B & Goldenberg .M (2009) “Exploring the Motivations of BASE Jumpers: Extreme Sport Enthusiasts” Journal of Sport & Tourism Volume 14, - Issue 4 Pages 229-247

- Byrmer,E. (2009) “The role of extreme sports in lifestyle enhancement and wellness”. In: Proceedings of the 26th ACHPER International Conference: Creating Active Futures, 8-10 July 2009, Queensland University of technology, Brisbane, Queensland.

- Brymer,E (2010) “Risk and extreme sports: A phenomenological perspective”. Annals of Leisure Research, 13(1/2), pp. 218-239.

- Brymer.E, Schweitzer.R, (2013),“The search for freedom in extreme sports: A phenomenological Exploration”, Psychology of Sport and Exercise 14, 865-873

- Frühauf A, et al. (2019) “Freeriding—Only a need for thrill? Comparing different motives and behavioural aspects between slope skiers and freeride skiers”. Journal Science Medicine Sport



Les chiffres de l’accidentologie de la FFVL sont disponibles avec ce lien : https://federation.ffvl.fr/actu/statistiques-f-d-rales-d-taill-es

La fédération est aussi en train de construire une page Ebook qui résume l’ensemble des contenus liés à la thématique de prévention la page est disponible avec ce lien: https://federation.ffvl.fr/book/export/html/1967

(Les résultats sont exprimés en pourcentage par rapport au nombre de personne qui ont sélectionné la réponse.)

Pour aller plus loin voici un descriptif de tous les résultats obtenus :

Motivations à la prise de risque et à l’engagement, les résultats les moins représentés :

Pour simplifier disons que « les raisons de la prise de risques » sont ici considérées de manière générale dans l’activité (sens accordé à ces comportements) et que « les raisons de l’engagement en situations risquées » revêtent un caractère plus situationnel comme par exemple les raisons qui peuvent amener à voler en conditions météorologiques dégradées ou à s’exposer sur une action particulière.


Comme vu ci-dessus la « recherche de progression » et/ou « d’améliorations » seraient des facteurs surreprésentés quand il s’agit d’expliquer les raisons de la prise de risques ou un engagement dans une situation risquée. Pour la « prise de risques » les résultats intermédiaires se partagent entre des thèmes tels que « rechercher des sensations », « sortir de la routine », « être en contact avec la nature et aspects contemplatifs », « sentir son vrai soi » ou « rechercher une expérience commune/renforcer les liens ». 20 réponses étaient possibles au total plusieurs sont des reformulations d’un même thème. Les résultats qui arrivent en dernières positions sont « La fuite du quotidien » (4.2%), « L’évasion vis-à-vis du travail » (4.2%) et « L’évasion vis-à-vis de la pression sociale et de l’aliénation au travail » (2.7% en 20ième). Il est donc possible de remarquer que si la « rupture » est une raison invoquée assez fréquemment, le parapente ne constitue pas pour la plupart des pratiquants un moyen de « fuite » vis-à-vis de la vie professionnelle par exemple. Une pratique qui serait associée à une fuite quelconque pourrait être un facteur susceptible de mener à une conduite à risque (ici conduite à risque désigne un comportement où les risques sont recherchés pour eux-mêmes contrairement aux sports à risques).


Pour les raisons de « l’engagement en situations risquées » les résultats intermédiaires sont un peu différents, on y retrouve d’avantage des aspects techniques : « Tester vos compétences votre maitrise de la voile » (26%) (en 2ème sur 20), « Découvrir ou tester vos connaissances aérodynamiques » (16.8%), « Tester votre matériel » (4.9%), ainsi que des questions sociales « Appartenir à un groupe en faisant comme les autres pilotes » (12.4%) « Être reconnue par les autres pilotes » (6.5%). La question du plaisir prend plusieurs formes par exemple « Le plaisir ressenti quand vous êtes extrêmement concentré par le pilotage » (14.9%) « Vous sentir vivant, galvanisé, euphorique » (6.8%), « Vous sentir libéré » (3.1%). Les derniers résultats sont : « Vous sentir libéré » (3.1%), « vous mettre en tension vous relâcher ensuite » (3.0%), oublier vos problèmes, idées sentiments désagréables » (1.7%) et « filmer un vol et les partager sur les réseaux sociaux » (1.2%) en 20 ième position.



Parmi les résultats intermédiaires il est aussi question de « rentabiliser les sorties » avec des raisons telles que « Eviter un désagrément lié au renoncement (…) » (24%), « Parce que vous avez bataillé en l’air et attendu longtemps au décollage pour vous engager » (8.7%), « Parce que vous avez fait beaucoup de route et de marche d’approche » (8.4%). Bien qu’assez peu représenté ce point est intéressant car il est typiquement le facteur qui peut mener à un accident (en particulier les deux derniers). Sur le papier le fait de vouloir rentabiliser une sortie amène à prendre des risques sans forcément avoir l’activité et la performance au premier plan, donc potentiellement une situation avec une plus faible attention portée à l’activité elle-même avec l’influence d’une motivation externe ou indirecte. Potentiellement cela peut amener à négliger d’autres aspects de la situation (voler malgré des conditions peu favorables par exemple), une augmentation des erreurs techniques, ou une insuffisance de ressources par rapport à une situation qui serait mieux gérée en situation « normale » (motivation et évaluation plus adaptée par rapport à la situation). Il faut bien considérer que les résultats présentés ici sont relatifs à la motivation à la prise de risque ou à l’engagement, bien que les facteurs en question puissent avoir un impact sur l’accidentologie la question n’était pas « selon vous quelle est la situation ou le comportement le plus accidentogène ». L’étude permet un premier aperçu et une approche par l’aspect motivationnel. Une étude qui porterait sur « l’intensité accidentogène » de certains facteurs dont ceux présents ici (qui traitent avant tout des motivations) permettrait d’affiner un peu plus les messages de préventions. Le but n’étant pas de contraindre les pratiquant mais de les former et de les informer au mieux pour réduire l’accidentologie, le fait de les consulter est donc primordial.

Les raisons du désengagement :

En ce qui concerne les raisons qui amènent un pilote à se désengager d’une situation risquée (ou à ne pas s’y engager), les premiers résultats indiquent des aspects techniques, météorologiques ou un manque d’expérience. La première raison invoquée est « vent trop fort ou mal orienté » avec 47%, puis « manque de compétences et/ou d’expériences » avec 31.1% et « manque d’informations ou incertitudes météorologiques » avec 23.3%. Les résultats intermédiaires se partagent autour des thèmes du « Relief et de l’impossibilité d’un atterrissage forcé », de « La fatigue et les préoccupations personnelles » et « Les dires des autres pilotes ».

Les dernières raisons sont « Manque de visibilité » (3.5%), « Pluie neige brouillard » (3.1%), « Jugement des autres » (2.4%) et « Froid » (1.9%).

Sensations associées à la prise de risque et au désengagement :

En ce qui concerne les sensations associées à la prise de risque les pilotes se déclarent majoritairement « Concentrés » (54%), « Conscients » (25.5%), « Calmes » (23.4%), « Combatifs » (18%) et « Autonomes » (17%), (« Autre » est la deuxième réponse avec 36.7%). L’euphorie ne semble pas être primordiale pas plus que les aspects liés au « plaisir » qui eux arrivent tard dans les résultats avec « Vivant » (4.5%) en 14ème et « Stimulé » (2.4%) en 19ème position sur 20. Les trois dernières réponses sont « libres » (2.4%), « stimulé » (2.4%), « anxieux » (2.3%), ces résultats confirment ceux qui concernent les « motivations à la prise de risques » ou à l’ « engagement en situation risquée » et la tendance à la « recherche de progression » qui prédomine largement sur la recherche de sensations.

Pour les sentiments et sensations associés au « désengagement d’une situation risquée » 51.2% des personnes ont répondues « Autre » qui est la première réponse et qui souligne le caractère personnel du désengagement et de son interprétation. Les aspects suivants sont « déçus » (33%), « frustré » (26.4%), « conscient » (17.3%) et « responsable » (15.2%), les résultats intermédiaires sont par exemple « « en paix » (10.7%), « lucide » (10%) et « réfléchit » (8.7%) (toujours 20 réponses possibles au total). L’ensemble permet de souligner (ou rappeler) l’importance du relativisme quand un vol est annulé pour faute de météo par exemple. Il vaut mieux savoir faire primer la sécurité peu importe la frustration, les résultats intermédiaires montrent une certaine tendance à ce relativisme. Les derniers résultats qui sont « Blasé » (3.8%), « Démotivé » (3.7%) et « Rassuré » (3.7%) et montrent eux, que la motivation est intacte malgré les renoncements occasionnés.

Différences hommes / femmes :

Tous les résultats affichés ci-dessous concernent les raisons des prises de risques » et les « raisons d’un engagement en situation risquée ». Les différences sont minimes sur les principaux facteurs, il existe une trame commune sur les premières réponses avec quelques pourcents de décalage et un ordre presque identique. Les premières sont donc « Progresser et améliorer vos performances », « vous sentir autonome et libres de vos décisions », « mieux

vous connaitre et savoir que vous en êtes capable » et « le plaisir ressenti dans un état de fonctionnement optimal, de concentration, de contrôle (… )», « parce que cet objectif vous tenait à coeur ».


Les différences apparaisse de façon plus tardive et semblent indiquer un plus grand attrait pour la performance et les sensations chez les hommes (19.5% chez les hommes et 5.4% chez les femmes), ainsi que le fait de « rencontrer des frontières naturelles, physiques ou psychologiques » qui renvoie à l’attrait pour l’exploration, de « jouer avec les limites » ou encore un plus grand intérêt pour l’aspect contemplatif de l’activité et la question du « Sens » c’est-à-dire les aspects existentiels (résultat très contrasté sur ce dernier point 17.5% pour 2.7% chez les femmes, la réponse est textuellement «donner du sens et de la valeur à votre existence, vous sentir vivant »).

Chez les femmes les résultats indiquent un plus grand attrait pour l’aspect social de l’activité (« partager une expérience commune et renforcer des liens», « appartenir à un groupe en faisant comme les autres pilotes»), au fait de se prouver quelque chose et de se lancer des défis (« vous lancer un défi personnel, savoir que vous en étiez capable »), un plus grand besoin de se sentir « compétent(e) ».

Parmi les différences il est possible de noter que si les femmes recherches plus les aspects sociaux de l’activité (« partager une expérience commune et renforcer des liens », « appartenir à un groupe(…) » ) elles sont moins portées sur la « reconnaissance sociale » que les hommes, la différence est marquée pour la réponse « être reconnu par les autres pilotes » bien que le score soit faible (6% pour les hommes et 0% pour les femmes).


Plusieurs résultats sont « paradoxaux » en lecture directe (les possibles explications ne seront pas débattues ici), par exemple si les hommes accordent plus d’importance au fait de « sortir de la routine », de « fuir le quotidien » et aux aspects d’exploration (« rechercher des frontières physiques, psychologiques, naturelles »), les femmes elles, accordent plus d’importance au fait de « s’évader du travail discipliné et du report constant de la satisfaction » et au fait de « se sentir libéré(e) ».

Ce même type de paradoxe existe entre la tendance à vouloir d’avantage se lancer des défis personnels (« se lancer un défi personnel et savoir que vous en étiez capable ») chez les femmes et la tendance plus présente chez les hommes à rechercher « les sensations », « les limites » ou à évaluer leurs capacités (« mieux vous connaitre, savoir que vous en êtes capables »). Cela

permet de souligner que la recherche de sensations peut se faire sans « défi personnel » qui peuvent eux-mêmes être poursuivit sans

Un autre résultat paradoxal serait le plus grand intérêt pour les aspects techniques (connaissance météorologiques, maitrise de la voile) chez les hommes et la plus grande importance accordée au fait de « se sentir compétent (e) » chez les femmes (ce qui coïncide avec la plus grande importance accordée aux aspects « sociaux » par ces dernières »).

Les écarts sont très faibles (moins de 3%) sur les autres aspects tels que « le plaisir ressenti quad vous êtes extrêmement concentré par le pilotage » le fait de vouloir rentabiliser une sortie (« parce que vous avez fait beaucoup de route ou de marche d’approche »), le fait de se sentir « vivent galvanisé, euphorique », ou l’importance des réseaux sociaux et le fait de filmer les vols

(Le principal biais à mentionner pour cette comparaison hommes/femmes est le nombre très restreint de femmes parmi les répondants (287 hommes et 25 femmes) ce qui est peu représentatif pour les femmes et amène une rapide variation des résultats en fonction de quelques réponses. Ce rapport de 8.7% de femmes pour 93.3% d’hommes est légèrement plus masculin que population générale des parapentistes de la FFVL.)


À noter en dehors de cette comparaison que certaines femmes volent lestées pour « rattraper » les hommes (voir étude de R.Soleil (2016)) il est donc possible le cas échéant de prévoir en conséquence un travail particulier sur les atterrissages et un renforcement musculaire sur les jambes (les hommes ne sont pas exclus de ce type de perfectionnement) afin d’éviter les problèmes qui seraient liés à cette leste. Il est vrai que pour les activités sportives qui font appel à des aspects matériels avancés le caractère physique de l’activité est souvent délaissé. Une préparation physique y compris en parapente peut avoir des intérêts pour la réactivité en vol comme la capacité à gérer un atterrissage un peu compliqué ou imparfait en particulier pour les pilotes qui volent lesté(e)s.


Influence des réseaux sociaux :

Selon les résultats de l’étude l’influence des réseaux sociaux sur la prise de risques est faible. Les seuls résultats positifs concernent la consommation de vidéos et l’incitation à la pratique du parapente suite à cette consommation sans augmentation (déclarée) des prises de risques ou une augmentation de l’incitation à ces prises de risques. Les résultats se décomposent de la manière suivante :

69.5% des pilotes affirment ne « jamais » ou « rarement » filmer leurs vols, ce qui limite déjà l’utilisation des réseaux sociaux pour ce qui est de la diffusion de sa propre image et les effets d’une « mise en scène » de soi. Idem pour le fait de poster ses vols sur les réseaux sociaux, le pourcentage est de 42.3% pour « jamais » est 25.9 % pour « rarement ». Si environ 80% affirment qu’ils regardent des vidéos de parapente et de vol libre sur les réseaux sociaux entre « occasionnellement » et « très souvent » (38.5% « occasionnellement », 31.1% « souvent », 9.4% « très souvent »), 49.5% affirment que le fait de visionner des vidéos ne les incitent « pas du tout » à prendre plus de risques et 39.8% affirment « plutôt non » (soit 89.3% pour les deux réunies). Idem pour les commentaires, leur effet semble (très) limité, à la question « augmentent t’ils les prises de risques ? » 83.3% répondent « pas du tout » et 15.2% « plutôt non ».

La seule réponse positive concerne l’incitation à la pratique du parapente du fait de regarder des vidéos de vol libre indépendamment de la prise de risque (ou d’une augmentation de), en additionnant ceux qui répondent « plutôt oui » (42.4%) et « tout à fait » (30.9%) le résultat est de 73.3%.

Ces résultats sont à considérer pour la population concernée par l’étude qui est principalement constituée d’hommes entre 35 et 55ans de profession intellectuelle avec 1 ou 2 enfants et un niveau de pratique intermédiaire et qui n’est pas la population la plus disposée à l’usage des réseaux sociaux. La littérature disponible sur ce sujet dont l’étude de Rodrigues-Verhelst (2015) avance un lien existant entre l’augmentation de la prise de risque chez les adolescents pratiquants de ski alpin et l’utilisation de caméras sportive ainsi que le visionnage de films de « sports extrêmes », la différence de population peut expliquer ces résultats presque opposés.


Etat de Flow ?

Selon les résultats obtenus l’état de flow est peu (ou moyennement) présent. La moyenne globale sur les 572 réponses est de 3.53 sur 5 en moyenne globale pour les 572 réponses sachant qu’il faut considérer le 0 à 3/5 du fait que l’affirmation correspondante est « ni d’accord ni pas d’accord » que 4/5 correspond à « d’accord » et 5/5 à « tout à fait d’accord ». Il faut considérer que la population qui a répondu à l’étude est principalement composée par des niveaux de pratique intermédiaires aux alentours du BP et de la voile B avec quelques années d’expérience et que cet état de « Flow » est usuellement mesuré chez des personnes d’un niveau assez avancé voir expert. Néanmoins il est intéressant de noter que l’aspect du Flow le plus représenté est la « concentration sur la tache (ou immersion) » (en 1ère position sur 9) et que le moins représenté est le caractère « autotélique » (9 sur) c’est-à-dire le caractère intrinsèquement gratifiant de l’activité. Cette situation pourrait s’expliquer par le fait que la demande (ou l’importance) de la concentration entrave le caractère autotélique, le fait que l’aspect du Flow relatif au contrôle (contrôle sans effort, actions fluides, synchronicité, etc…) soit aussi assez peu représenté (en 7ième position sur 9) confirmerait cette explication. La solution serait alors une amélioration technique conséquente afin de réduire cet effet de frein de certaines dimensions sur d’autres. Pour évoquer cette possibilité il faudrait encore que le Flow soit un enjeu de la pratique, chacun est libre de se prononcer là-dessus. Il n’est pas ici question de pousser les pratiquant à poursuivre ce but en revanche ces résultats s’articulent bien avec ces de la première partie du questionnaire détaillée ci-dessus puisque dans les deux cas les aspects liés à la progression, à la technique et à la concentration arrivent en premiers et que les aspects liés aux sensations, au plaisir et même au caractère intrinsèquement gratifiant sont assez peu représentés.


Les neurosciences ?

En dehors des résultats directs de cette étude il peut être intéressant de mentionner des informations issues des neurosciences, puisqu’elles ont fait partie du cadre théorique et de la contextualisation du sujet. Avec tout le caractère évolutif qu’elles peuvent avoir, une étude récente (Romer et al. (2017)) indique que les capacités d’adaptation et les capacités d’anticipations se développent principalement pendant l’adolescence avant de diminuer jusqu’à la période d’âge de 20 à 25 ans. C’est d’ailleurs à cette période entre l’adolescence et le début de l’âge adulte que l’on est le plus disposé à faire face aux imprévus et aux situations « mouvantes », et à adapter son comportement in situ en fonction des changements. Il est important de travailler ces aspects pendant cette période pour développer au mieux ces capacités à faire face aux imprévus. En dehors de cette période rien n’est perdu pour autant puisque la plasticité cérébrale veut que le cerveau soit évolutif tout au long de la vie néanmoins la période favorable reste l’adolescence et le début de l’âge adulte. Il est aussi possible de travailler cette capacité dans d’autres domaines que celui du parapente uniquement, d’où l’intérêt d’une pratique sportive en plus de cette activité. En revanche pour les personnes sans passé sportif particulier qui commenceraient le parapente après l’âge de 30 ou 35 ans un vrai travail doit être fait sur les capacités à évaluer une situation, à « lire » un parcours, les vents etc… et à faire face de manière adaptée à un imprévu. Avoir des activités sportives en dehors du parapente peut donc être utile pour développer ces aspects dans des situations moins risquées, libre à chacun de choisir celle qui lui convient.



Homéostasie du risque ?

Parlons rapidement d’homéostasie du risque puisque cette théorie est enseignée par la FFVL pendant les formations et autres interventions au sujet de la sécurité. Le fait de mieux former les pilotes peut amener cette interrogation de la possible augmentation proportionnelle des prises de risques. Il semblerait (il s’agit d’un postulat) qu’il y ait une marge ou une zone dans laquelle cette théorie est plus valable avec une sorte d’« effet de seuil ». Il y aurait une phase à partir de laquelle ou la formation serait bénéfique même en tenant compte de cette théorie, les pilotes experts ne se risquent pas forcément toujours au maximum parce qu’ils « pourraient le faire », au contraire l’expertise serait aussi une capacité à adapter son comportement, les prises de risques étant de plus en plus mesurées même si objectivement elles peuvent parfois augmenter. En un sens être plus perfectionné ne doit pas servir à se maintenir toujours dans la zone la plus risquée et il est possible de considérer que certains facteurs qui relèvent des aspects « contextuels » amènent à faire en sorte que l’athlète ne comble pas automatiquement chaque amélioration technique par une prise de risques supplémentaire. Il est aussi possible de partir du principe que l’amélioration technique peut servir à voler réellement mieux c’est-à-dire techniquement et de manière responsable, il faut alors questionner les évolutions culturelles de l’activité, l’idée n’étant pas de freiner la performance mais de la permettre de manière moins accidentogène. Être le plus perfectionné possible devrait pouvoir permettre de passer le plus de temps dans le « bas » de la zone de risques, être en haut de cette zone (pour des raisons de quête de progression par exemple) peut avoir d’autres problèmes tels qu’une charge cognitive plus élevée pour un résultat semblable ou moindre et une prise de risques importante.

Se pose encore et toujours la question de la sécurité, si les personnes cherchent à progresser plus il faut que cette progression puisse avoir lieu de manière à permettre la prise en compte et le respect de certains principes, de certains reflexes, qui permettent de diminuer l’accidentologie sans bloquer la performance. C’est alors de la culture de l’activité dont il s’agit, il faut en un sens que la sécurité fasse partie de la performance, cette transformation est déjà en cours dans d’autres activités.



Références:

Soleil.R.(2016) « Accidentologie du parapente chez les compétiteurs : étude comparative avec les non Compétiteurs ». Médecine humaine et pathologie.

Rodrigue Verhelst. J, (2015) « Etude du lien entre l’utilisation de caméras sur les pentes, la fréquence d’écoute de films de sports extrêmes et les pratiques sportives risquées d’adolescents et adolescentes adeptes de sports alpins de glisses » Université du Québec

Romer.D, Reyna, Satterthwaite,T.D (2017)“V.F, Beyond stereotypes of adolescent risk taking: Placing the adolescent brain in developmental context Developmental » Cognitive Neuroscience 27, 19–34


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